Fabien JACQUETTON Aucun commentaire

Les mobilités intersectorielles, quèsaco ? C’est le fait de passer d’un secteur à un autre en valorisant ses compétences transférables et en les complétant afin d’envisager la pluriactivité. Ce sujet était au cœur de la journée d’étude et de réflexion organisée le 13 octobre dernier par la Région Sud, IPERIA et le Pôle Services à la Personne Provence-Alpes-Côte d’Azur afin de renforcer l’attractivité des métiers du domicile en tension. En effet, c’est la région où le nombre de particuliers employeurs augmente le plus dans l’Hexagone, avec l’Ile-de-France, alors que le nombre de salariés est en légère baisse (départs à la retraite, Covid, etc.). Comment naissent les mobilités intersectorielles ? Comment accompagner ces transitions professionnelles ? Quelles sont les synergies possibles entre les secteurs en tension ? Comment communiquer sur les compétences transférables ? Autant de questions évoquées lors de cette journée.

 

Le secteur de l’emploi à domicile en Provence-Alpes-Côte d’Azur et les tensions dans le Var

 

Actuellement, le secteur de l’emploi à domicile représente 192 636 particuliers employeurs et 90 040 salariés dans cette région[1]. Le Var est le département où la proportion des personnes seniors est la plus importante dans la région (13,6%), le nombre de personnes de plus de 85 ans ayant augmenté de 50% depuis 15 ans et devant doubler d’ici 2040.

 

En parallèle, l’âge moyen des salariés du secteur dans le département est de plus de 50 ans. Par conséquent, en plus de l’augmentation nécessaire du nombre d’assistants de vie pour accompagner l’augmentation de la population des plus de 65 ans, il faut prévoir le remplacement d’un large contingent de départs à la retraite de salariés.

 

Compte-tenu des besoins immédiats et à venir, on évalue à plus de 60 200 le nombre d’assistants de vie et d’employés familiaux à former et recruter durant les 8 prochaines années, ainsi que 17 200 assistants maternels sur la région Sud[2].

 

Une dynamique de professionnalisation déjà bien engagée

 

En 2018, la branche du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile et la Région Sud ont signé une convention de partenariat pour développer la qualification des salariés. Ainsi, plus de 700 parcours certifiants ont été engagés sur les certifications IPERIA (blocs de compétences et titres). En moyenne, 67% des personnes sont en emploi 6 mois après l’obtention de leur certification et 2/3 des personnes en emploi ont au moins un contrat avec un particulier employeur[3].

 

En parallèle, la formation continue a connu une hausse de 30% dans la région en 2021, avec 7 500 départs en formation, en faisant l’une des plus dynamiques. Ces départs en formation sont encouragés par la branche qui finance 58h de formation par an et par salarié dans le cadre du plan de développement des compétences.

 

 

Les mobilités intersectorielles au cœur des travaux d’IPERIA

 

Dans le cadre de l’EDEC pour la branche du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile, IPERIA a réalisé un pré-diagnostic des aires de mobilités intersectorielles, financé par le Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC). Objectif : apprécier les secteurs qui permettent le mieux aux mobilités de se réaliser et identifier les compétences transposables.

 

Afin de tester, vérifier et approfondir les passerelles intersectorielles envisagées et d’identifier les freins et leviers à ces mobilités, une étude qualitative a été menée en Provence-Alpes-Côte d’azur et en Occitanie. Trois secteurs ont été ciblés : la grande distribution, l’hôtellerie-restauration, et l’animation.

 

Lors de l’événement organisé à Toulon, Tom Chabert, chargé des relations institutionnelles à IPERIA, a présenté les principales conclusions du pré-diagnostic afin d’ouvrir des pistes de réflexion pour les ateliers de travail.

 

 

Comparaison des référentiels de compétences entre le métier d’origine et celui de destination

 

Il existe de nombreuses compétences transférables des métiers de l’hôtellerie-restauration vers ceux de l’emploi à domicile, comme l’organisation, la communication, le respect des personnes, le sens du service, etc. Du côté des métiers de l’animation, ce sont plutôt l’accueil, le relationnel et la disponibilité qui peuvent être mis en avant.

 

Étude des trajectoires professionnelles

 

  • Les salariés ayant connu une mobilité vers les métiers du domicile sont majoritairement des femmes, entre 35 et 57 ans, et d’un niveau de formation entre l’infra bac et le bac +2.
  • C’est généralement une première expérience personnelle ou privée (salariée, bénévole ou familiale) qui fait naître un attrait pour l’accompagnement des publics.
  • La mobilité survient le plus souvent d’une rupture souhaitée ou subie dans parcours privé ou professionnel, un élément déclencheur qui les amène à se reconvertir.
  • Les personnes interrogées sont généralement attirées par les valeurs associées aux métiers : recherche d’utilité, de sens et de reconnaissance, attrait du contact humain, du relationnel.

 

Identifier des passerelles : leviers d’action et pistes de réflexion

 

La démarche de mobilité passe par 3 étapes : une réflexion autonome, une orientation guidée et une formation qui acte. Il est ainsi nécessaire d’agir sur ces trois leviers.

Les résultats de l’étude menée par IPERIA peuvent s’appliquer à la pluriactivité et dessinent des pistes qui pourraient l’encourager, parmi lesquelles :

  • Outiller les experts de l’orientation professionnelle en termes de connaissance métiers
  • Communiquer sur les métiers et sur les compétences transférables et mobilisées lors de ces transitions professionnelles
  • Faire connaître les opportunités d’emploi dans le secteur et ses atouts mis en avant par les salariés eux-mêmes, à savoir le contact humain et l’autonomie
  • Renforcer les partenariats avec les opérateurs de bilans de compétences et de conseil en évolution professionnelle
  • Approfondir les réflexions sur les métiers d’autres secteurs afin d’identifier les possibilités d’initiatives conjointes

Cette journée a permis d’établir une feuille de route visant à répondre aux enjeux de la pluriactivité ou des mobilités intersectorielles dans les métiers des services à la personne et de l’emploi à domicile en tension, en lien avec d’autres secteurs également concernés par ces problématiques (tourisme, animation, transport, commerce).

 

Merci à tous les intervenants et participants qui ont fait de cet événement un succès. Une initiative locale qui pourrait d’ailleurs faire des émules dans d’autres territoires.

[1] Observatoire FEPEM de l’emploi à domicile

[2] ACOSS / IRCEM

[3] Enquête « Suivi en emploi » réalisée par IPERIA