Fabien JACQUETTON Aucun commentaire

Tables rondes du secteur des particuliers employeurs et de l'emploi à domicile

Afin de concevoir des solutions dans un secteur en forte tension, IPERIA et la branche des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile se sont réunis le 5 octobre dernier pour une journée d’échanges et de perspectives. Idées, partages, engagements communs : nous avons mis en lumière des constats et des initiatives au service des métiers du secteur, du renforcement de leur attractivité et de l’accompagnement des publics.

Un contexte sous tension

« 2030 c’est demain ! » : Marielle Brouard, présidente de la Commission Paritaire Nationale de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (CPNEFP) de la branche professionnelle, a posé l’urgence d’accélérer le mouvement alors que les projections font état d’un déficit de 800 000 postes dans le secteur de l’emploi à domicile d’ici 2030. A ses côtés, la Vice-Présidente de la CPNEFP, Véronique Delaitre, a rappelé la confiance accordée par la branche à un secteur qui « a prouvé sa capacité à prendre les défis à bras le corps ». Afin de dessiner les trajectoires à suivre pour les 1,3 million de salariés qui accompagnent 3,3 millions de particuliers employeurs à domicile, de nombreux partenaires et acteurs de référence leur ont succédé, apportant des réponses concrètes aux défis de demain.

Un avenir à braver  

Sur la question vertigineuse de l’avenir, un éclairage a été apporté par Philippe Cahen, prospectiviste. Son rôle ? Scruter les signaux faibles c’est-à-dire analyser les mouvements émergents aujourd’hui, capables par leur influence de façonner demain.

« Le monde qui s’approche est un monde totalement différent et cela va très vite » a-t-il constaté, ajoutant que « le temps est lent, long et court à la fois ». Pour Philippe Cahen, la solution passe par la frugalité, c’est-à-dire de vivre mieux avec moins. Son constat est une « mutation de la société dans lequel nous allons lever le pied ». Selon le prospectiviste, trois freins bloquent notre élan :

  • La course aux surdiplômes
  • Un monde dominé par l’Intelligence Artificielle (IA) mais à laquelle il manque l’IE, Intelligence Emotionnelle.
  • La reconnaissance des gens et des métiers.

Ce dernier point est au cœur des enjeux du secteur de l’emploi à domicile. Depuis près de 30 ans, les acteurs impliqués œuvrent pour la reconnaissance et la professionnalisation des salariés.

Un secteur qui s’engage

« Nous sommes un secteur de preuves, si nous ne prouvons pas, nous n’obtenons pas. Et nous avons prouvé que c’était possible » : Marie-Béatrice Levaux, Présidente du Conseil national paritaire du dialogue social (CNPDS), a rappelé les nombreux mouvements, les multiples avancées, que le secteur a enclenchés depuis 30 ans, et l’urgence de continuer à regarder devant. « Nous sommes souvent allés contre les idées reçues. Nous n’avons plus le temps de convaincre les sceptiques. Maintenant, c’est le temps de l’action » a-t-elle ajouté.

Pour illustrer le dynamisme et le volontarisme du secteur, Stéphane Fustec, vice-Président du CNPDS, a rappelé l’adoption d’une nouvelle Convention Collective, entrée en vigueur le 1er janvier 2022, et des avantages qu’elle apporte, parmi lesquels une prime de départ à la retraite, la construction d’un système paritaire, de nouveaux droits sociaux et une amélioration des revenus. Il s’est en effet réjoui que, désormais, le secteur ait « son CSE » à travers le service Activités Sociales et Culturelles : « une avancée majeure et un facteur d’attractivité ».

De nouveaux publics en ligne de mire  

Attirer. Fédérer. Ce sont deux défis à relever pour répondre aux enjeux de demain. La matinée d’échange a mis en exergue plusieurs leviers d’actions en faveur d’un objectif commun : convaincre de nouveaux publics de rejoindre le secteur.

Partenaire de ces échanges, Pôle emploi a fait part de sa volonté de s’ouvrir davantage aux métiers du domicile, tout en faisant le constat d’un grand pas à franchir : « Nous ne sommes pas des professionnels de ces métiers, nous avons donc besoin de nous entourer, d’avoir des références sectorielles. Cela passe par des conseillers informés sur le secteur pour transférer les infos dans les territoires » a expliqué Anne de Vasconselos, Chargée de relations partenariales avec les entreprises et fédérations professionnelles. Céline Spiguelaire, Responsable du service développement économique dans les territoires, a ajouté la nécessité de « déconstruire les idées reçues et d’agir auprès des candidats potentiels comme le public migrant à travers le LabMigration, qui propose des parcours individualisés ».

Marina Cosset, directrice du PLIE des Hauts-de-Garonne, a présenté un autre levier d’action pour attirer de nouveaux publics : les PLIE (Plans locaux pluriannuels pour l’insertion et l’emploi), dont la particularité est de remettre en emploi des gens éloignés (des jeunes en réinsertion par exemple).

Pour sa part, Hugo Villand, Responsable développement et partenariats pour l’Association des Apprentis de France, a souligné le besoin pour le secteur d’aller vers les jeunes : « Ils sont sensibles aux métiers qui ont du sens, c’est une carte à jouer ». Conscient des freins des métiers de l’emploi à domicile auprès de ce public (méconnaissance, missions mal perçues (pénibilité, amplitude horaire…)), Hugo Villand a toutefois tenu à saluer la signature d’une Convention Collective synonyme d’amélioration des conditions de travail et donc d’attractivité auprès des plus jeunes.

Un accompagnement toujours plus innovant

Attirer oui, mais après ? Sans accompagnement, point de salut. Sur ce sujet, Nadège Turco, directrice déléguée d’IPERIA, a rappelé notre volonté de « contribuer à renvoyer aux (futurs) salariés une image positive de la manière dont le secteur les perçoit ». Comment ? En proposant de les accompagner de manière individualisée, en les aidant à identifier leurs compétences et à en développer d’autres.

René Bagorski, directeur de la certification professionnelle pour France Compétences, a rappelé la mission de régulation de cette instance, et évoqué le chantier récurrent d’instruction des demandes et le travail de correspondance entre les différentes certifications afin de favoriser la mobilité des individus. Flexibilité, évolution et souplesse : en effectuant un travail de veille et en engageant une refonte de ses titres, IPERIA s’emploie à répondre aux attentes de France Compétences ainsi qu’à l’évolution des besoins des particuliers employeurs et des salariés.

La mise en avant des compétences passe également par la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), représentée lors de cet événement national par Olivier Gérard, Chef de projet France VAE. La refonte récente de ce dispositif vise à le rendre plus efficace tout en préservant la nature de son objectif : mettre l’humain au cœur du système. Olivier Gérard a ainsi rappelé la création de la fonction d’« architecte de parcours » opérée par IPERIA pour le secteur, permettant à chacun de bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour construire son parcours de professionnalisation.

Autre levier évoqué pour la valorisation des compétences, les Open Badges. Philippe Petitqueux, Secrétaire Général de l’association Reconnaître Open Recognition Alliance, a précisé que leur objectif est de rendre visible l’informel : une compétence, un savoir-faire, un savoir-être, une participation, un rôle, une réalisation, un engagement, une contribution, un projet ou un intérêt.

Dernier point, et non des moindres, développé par Nadège Turco, la mission de Conseil en Orientation et Evolution Professionnelle Sectoriel (COEPS), mise en œuvre pour donner aux (futurs) salariés « les bases d’un parcours de professionnalisation afin de sécuriser leur emploi ou les attirer vers le secteur ». Un accompagnement renforcé, plus structuré et personnalisé pour, là encore, mettre en avant les compétences.

Le rôle clé de la professionnalisation

En conclusion de ces échanges, Baptiste Lenfant, Délégué général du groupe Domicile & Compétences, a tenu à saluer la contribution des organismes de formation « qui font de la professionnalisation un des piliers majeurs de la structuration de ce secteur depuis 30 ans ».

Il a partagé deux axes d’investissement. Le premier concerne « la certification professionnelle, qui est une triple reconnaissance, personnelle, professionnelle et sociale, colonne vertébrale de la politique de professionnalisation de la branche. Elle est au cœur de tous les programmes qui sont lancés tels que la VAE ou le LabMigration ». Le deuxième axe fixé par Baptiste Lenfant et qui « demande une mobilisation plus importante : c’est la question de la professionnalisation de l’accompagnement et de la prévention de l’accompagnement à domicile » ajoutant que « la question du vieillissement est au cœur des sujets de société, et que notre action doit être davantage mobilisée sur ces sujets-là ».

Des enjeux, des défis, des perspectives : pour savoir où nous mènerons les trajectoires fixées par les différents acteurs de la branche des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile, rendez-vous en 2024.

Pour (re)voir les échanges de cette journée :