Fabien JACQUETTON Aucun commentaire

Journée nationale des assistants maternels

Ce 19 novembre 2021 a lieu la 16e journée nationale des assistants maternels, l’occasion de mettre en lumière les 288 299[1] professionnels qui exercent ce métier et souffrent souvent d’un manque de reconnaissance de leurs compétences. Conférences, ateliers, forums…, de nombreuses animations sont organisées par les relais petite enfance, les collectivités territoriales et les associations partout en France. Mais, concrètement, qu’est-ce que le métier d’assistant maternel ? Quelle reconnaissance pour ce métier ? Quelles sont les perspectives d’avenir ?

 

Un métier complexe et passionnant

 
L’assistant maternel accueille à son propre domicile ou en maisons d’assistants maternels (MAM) des enfants, scolarisés ou non. Il participe à leur développement affectif, physique et psychologique, ainsi qu’à leur éveil au quotidien, depuis leur naissance jusqu’à leur majorité. Repas, promenades, sorties au parc, jeux, toilette… les activités sont réalisées en accord avec les parents employeurs dans le cadre d’un projet d’accueil établi.

« J’exerce mon métier avec passion depuis 10 ans et je ne rencontre pas de difficultés particulières », « j’aime exercer mon métier au quotidien, qui me valorise tous les jours », « je suis très fière de mon métier et ceux qui me permettent de m’épanouir, ce sont les loulous accueillis », Céline, Chafika et Emilie ne changeraient de métier pour rien au monde tant il est source d’épanouissement et de fierté. Les conditions de travail et d’emploi sont parfois vécues comme difficiles, mais elles ne sont pas nécessairement subies. La gratification d’une utilité sociale, le contact humain et la liberté que procure le multi-emploi sont mises en avant.

En revanche, 85,8%[2] des assistants maternels (et gardes d’enfants) pointent le manque de reconnaissance comme un risque professionnel.

 

Un vrai métier !

 
Si le métier d’assistant maternel existe officiellement depuis 1977, il n’a vraiment été structuré qu’à partir de 2005, par la loi et l’application d’une convention collective nationale. S’agissant d’un métier de la sphère domestique – même si les MAM connaissent un essor depuis leur institutionnalisation en 2010 – auparavant souvent pratiqué par les femmes du domicile et associé à des « compétences féminines », les représentations sociales sont tenaces.

Le regard que la société porte sur le métier évolue à mesure que les assistants maternels prennent conscience de leur « professionnalité ». Progressivement, ils se détachent de l’image d’Epinal par la formation et la certification, véritables leviers de reconnaissance du métier. « Nous sommes passés de la “nounou” à l’assistante maternelle certifiée avec des formations et des compétences », explique Chafika, assistante maternelle titulaire du titre « Assistant maternel / Garde d’enfants ». Des compétences métier sur l’éveil, l’alimentation, la motricité ou encore le cerveau de l’enfant, mais aussi des compétences transversales comme l’autonomie, la capacité d’adaptation, la communication…

En 2020, IPERIA, plateforme nationale de la professionnalisation de l’emploi à domicile, a accompagné 51 080[3] projets de formation portés par des assistants maternels, malgré la crise sanitaire, soit +74% en 5 ans. Un plus pour développer leur activité pour certains, une nécessité pour d’autres afin d’apporter des réponses adaptées aux besoins des familles et des enfants, toujours plus pointus. A travers la formation et la certification, les assistants maternels peuvent développer et valider des compétences de plus en plus demandées. Cela les rend plus « attractifs » sur le marché comme l’explique José, assistant maternel, qui a suivi la formation « Parler avec un mot et un signe » : « En ce moment, je sais qu’une des premières demandes de la part des parents employeurs, c’est ” est-ce que vous faites le langage signé ?”, donc c’est un vrai plus d’avoir suivi cette formation ».

 

Et pourtant, un métier en danger…

 
L’étude prospective portée par les branches professionnelles du secteur du particulier employeur, soutenue par la DGEFP et coordonnée par IPERIA, a révélé que 700 000 postes seront à pourvoir dans le secteur d’ici 2030. Pour les assistants maternels, les besoins en remplacement des départs à la retraite, déjà palpables aujourd’hui, seront non négligeables au cours de cette décennie. En effet, 151 800 d’entre eux, soit 48% des effectifs actuels, partiront à la retraite d’ici 2030.  Par ailleurs, des besoins en emplois supplémentaire apparaîtront entre 2030 et 2040 afin d’absorber le nouveau dynamisme des naissances projeté sur cette période. En tout, 14 500 ETP supplémentaires seront nécessaires pour accueillir les enfants de moins de 3 ans.

Avec la crise sanitaire, la tension est grandissante sur ces emplois : « Je constate que beaucoup de mes collègues ont soit changé d’orientation soit arrêté avant la date de leur retraite, regrette Chafika. Cela est dû à la conjoncture actuelle car bon nombre se sont retrouvées en chômage partiel, avec une diminution de salaire, et le télétravail de leur conjoint s’est avéré incompatible avec leur activité d’accueil des enfants toute la journée à la maison. »

En outre, à l’image des autres métiers du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile, celui d’assistant maternel manque d’attractivité pour les jeunes générations. « La nouvelle génération veut avoir directement un diplôme pour un salaire fort, contrairement aux assistantes maternelles qui durant plusieurs années se forment pour être certifiées et avoir un salaire à la hauteur de la responsabilité qui leur incombe quotidiennement », explique Chafika.

 

La certification des compétences : une solution ?

 
Face à cette pénurie de main d’œuvre annoncée, la certification serait-elle une solution ? Chafika en est convaincue. Selon elle, un particulier employeur se tournera toujours vers une assistante maternelle certifiée s’il a le choix. C’est le sens de l’engagement d’IPERIA qui a délivré plus de 150 000 certifications aux salariés du secteur depuis 1994.

Le métier d’assistant maternel offre des perspectives d’évolution, les parcours professionnels ne sont plus linéaires aujourd’hui. Outre le titre « Assistant maternel / Garde d’enfants » qui garantit la maîtrise des compétences nécessaires à l’exercice du métier, IPERIA a créé d’autres certifications qui permettent aux assistants maternels d’évoluer dans leur activité en s’impliquant dans une MAM, par exemple, grâce au CQP « Travailler en Maison d’Assistants Maternels », ou bien de pouvoir accompagner des enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme ou en situation de handicap. Un moyen pour les assistants maternels d’ajouter des cordes à leur arc en termes d’employabilité et l’assurance pour les parents employeurs d’un accueil de qualité et adapté à leur enfant.

Par ailleurs, les voies d’accès à la certification se multiplient dans le secteur pour ouvrir la qualification à des publics toujours plus nombreux et diversifiés, notamment les jeunes. Après la formation, la VAE intégrale et la VAE par bloc, place à l’alternance, qui sera déployée dès 2022 avec la création d’un CFA sectoriel.

 

Observation du métier et des évolutions sociétales, orientation des parcours, accompagnement des projets de formation et de certification, toute l’année IPERIA s’engage, aux côtés de ses partenaires, à valoriser le métier d’assistant maternel et les compétences de ceux qui les exercent. Pour cette démarche de professionnalisation enclenchée par les assistants maternels eux-mêmes et parce que ce sont eux les premiers acteurs de la reconnaissance de leur métier, cette journée qui leur est consacrée est l’occasion de leur dire « bravo ! ».

 

[1] Source : Rapport annuel du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile – Édition 2021, Observatoire FEPEM des emplois de la famille

[2] Source : « Etude prospective des branches professionnelles des assistants maternels et salariés du particulier employeur : relever les défis de l’emploi, des métiers et des compétences d’ici 2030 », sous la direction de Eva Barachino et Nadège Turco, IPERIA, Paris, 2021

[3] Source : Bilan de la politique de professionnalisation du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile 2020